Construire une maison au bord de l’eau est idyllique, avec la perspective de vivre dans un cadre de vie agréable, près de la nature. Mais ce choix implique des contraintes techniques non négligeables, surtout pour l’assainissement individuel. La gestion des eaux usées constitue toujours un défi, mais les choses se corsent lorsque le terrain se trouve en zone inondable. La bonne nouvelle est qu’il existe des solutions performantes pour l’assainissement non collectif (ANC) de ce genre de construction.
L’assainissement individuel en zone inondable
Une zone est dite inondable lorsqu’elle est souvent ou ponctuellement exposée à des débordements d’eau comme les crues de rivières, les fortes pluies ou les remontées de nappes phréatiques. Bâtir une maison individuelle sur ce type de terrain comporte de nombreuses exigences en matière d’assainissement, d’autant que le lieu n’est pas desservi par le réseau public la plupart du temps. Il faut donc opter pour un système d’assainissement non collectif ou individuel. En clair, l’assainissement individuel consiste à collecter et traiter les eaux domestiques directement sur le terrain lorsqu’un raccordement au tout-à-l’égout n’est pas possible.
L’ANC inclut la gestion des eaux grises (douches, lavabos, lave-linge) et des eaux-vannes (toilettes et WC). En zone inondable, le principal enjeu consiste à maintenir un traitement efficace des eaux usées tout en protégeant le système contre les effets des crues. Vous l’aurez compris, le travail doit être confié à une entreprise d’assainissement experte. Il faut des professionnels qualifiés pour concevoir des solutions adaptées aux contraintes hydrologiques du terrain. Une fois la maison construite, il est également recommandé de planifier un débouchage régulier des canalisations pour prévenir tout blocage ou incident lié aux inondations.
Les systèmes d’ANC envisageables en zone inondable
La majorité des systèmes d’assainissement individuel classiques ne conviennent pas aux zones inondables. Il est indispensable de choisir une technique adéquate, capable de limiter les risques d’inondation et de traiter les eaux usées par la même occasion. Voici les options envisageables :
La micro-station d’épuration surélevée
La micro-station d’épuration fonctionne comme une petite station collective sur le terrain. Elle traite les eaux usées biologiquement et les rejette dans le sol ou un milieu récepteur. Pour une zone inondable, il est conseillé d’installer la micro-station surélevée, hors de portée des crues. Cette technique garantit la performance du traitement des eaux usées et protège de la contamination lors des inondations. De plus, elle repose sur un dispositif compact, silencieux, facilement intégré au jardin, avec un suivi simplifié qui limite les interventions techniques et optimise la durabilité du système.
La fosse toutes eaux surélevée
Pour cette technique d’assainissement autonome, la fosse toutes eaux doit être installée à un niveau supérieur à la cote d’inondation connue. Il est possible de l’associer à un système d’épandage adapté pour stocker et prétraiter les eaux avant infiltration. Il est recommandé de privilégier une fosse résistante et bien ventilée afin de réduire les risques de refoulement et de faciliter l’accès pour les interventions futures. Pour que l’installation reste performante sur la durée, il faut prévoir des vidanges et vérifier régulièrement les filtres, surtout après des épisodes pluvieux intenses.
Le tertre d’infiltration
Le tertre d’infiltration permet aux eaux prétraitées par la fosse toutes eaux de s’infiltrer progressivement dans le sol. En revanche, son utilisation est assez limitée en zone inondable puisque le sol peut être saturé lors des crues, réduisant ainsi l’efficacité du dispositif et augmentant le risque de dysfonctionnement. Cette solution est donc à privilégier pour un terrain légèrement en pente et bien drainé, situé hors zone de submersion. Elle permet une dispersion progressive des effluents, minimise les nuisances odorantes et facilite l’entretien périodique du système d’assainissement individuel.
La phytoépuration
La phytoépuration utilise les plantes et les micro-organismes du sol pour filtrer et épurer les eaux usées. Pour une construction sur une zone exposée à l’inondation, il est crucial de concevoir des bassins étanches et surélevés afin que le système continue à fonctionner même si le terrain est partiellement submergé. En plus d’être efficace, cette solution est aussi écologique et respectueuse de l’environnement. Elle favorise notamment la biodiversité locale et l’autoépuration naturelle. Il s’agit aussi d’une installation plus esthétique et durable que les dispositifs traditionnels.
Le filtre compact
Le filtre compact ou filtre à sable amélioré peut être installé en surélévation. Il traite les eaux usées via un substrat filtrant pour limiter les risques liés aux nappes d’eau élevées. Sa conception compacte permet de l’implanter sur des parcelles restreintes, dans le respect des normes en vigueur. Ce système d’assainissement non collectif nécessite toutefois un entretien régulier et une surveillance renforcée en période de crue. En effet, une saturation prolongée pourrait altérer la capacité de filtration et réduire la qualité du rejet final.
En définitive, quel que soit le système retenu, l’important reste de concevoir un assainissement autonome adapté à la réalité du terrain. Les eaux usées sont plus faciles à gérer, même dans un environnement aussi contraint qu’une zone inondable, à condition que le projet soit soigneusement planifié, validé par les autorités compétentes et correctement exécuté.